Je rappelle ici l’intérêt du pain au levain naturel ayant subi une longue fermentation (supérieure à 4 ou 5 h). Le levain va "digérer" le gluten du pain, s’en nourrir pour grandir. Ainsi, vous ne rencontrerez pas les problèmes de flatulence, voire de ventre douloureux.
En outre, vous mangerez quelque chose de nutritif, gouteux, parfumé, délicat, croustillant et moelleux à la fois, résistant dans le temps (jusqu’à une semaine de conservation) donc finalement économique et qui ravira les yeux et le cœur de vos proches.
A/ La pratique en boulangerie de ville
La plupart des boulangers font leur pain avec de la levure (artisans ou chaines). Je ne m’étendrai pas sur le choix et la qualité des farines ou prémix et des ingrédients, j’y passerais la nuit et ce n’est pas le sujet.
Très peu de boulangers artisans ont fait le choix de faire du pain au levain. Là encore, la différence se fera en fonction de tous les éléments qui suivent notamment le temps de fermentation.
Il ne faut pas oublier qu’un boulanger a besoin de vivre de son travail et donc, il sera rare d’en trouver qui laissent fermenter leurs produits plus de 5 heures. Et afin d’avoir une production assurée, la plupart ajoutent un soupçon de levure à leur pétrissée. Ce n’est donc plus un pain au levain naturel fait uniquement de levures sauvages et de bactéries lactiques.
J’écoutai cette semaine sur une radio très connue une émission de fin de matinée consacrée au pain. Un boulanger de Paris 14ème, Lionel Bonnamy (« La fabrique aux gourmandises ») expliquait comment il faisait sa fournée – au levain – avec simplement de la farine, de l’eau, un mélange à la main, du levain et … un ajout d’une pointe de levure, enfin une longue fermentation de 24 heures.
Vous voyez, même quand ça pourrait être magnifique, il en est la plupart qui rajoute de la levure.
Là où on se rejoint c’est sur ses conseils : « Goûter et prendre le temps de regarder ce qui se passe ».
Effectivement, il faut beaucoup observer et voir comment la pâte réagit à chaque étape.
En fait, le seul qui pourra respecter un cahier des charges de pain au levain naturel, c’est VOUS et aussi de très rares artisans (j’en ai entendus qui font une fermentation de 48 h avec des blés paysans anciens comme « Basile ») et absolument sans levure .
B/ Comment faire son pain au levain, les recettes ?
Il n’y a pas une seule et unique façon de faire son pain au levain car chaque fois c’est différent, en fonction de pleins d’éléments qui suivent.
• D’abord, les ingrédients qu’on va utiliser le taux de blutage de la farine (T55,65, 80, 110, 150).
• La variété et le type de céréales et leur qualité (leur provenance, prémix…, blés anciens ou moderne, bio ou pesticides, seigle, blé, épeautre, sarrasin, oui car, même si le sarrasin ne contient pas de gluten on peut l’utiliser quasiment à 100% tout comme on en fait des « galettes » (crêpes).
• On peut aussi changer d'ingrédients ajoutés (les graines ou autres) ou ne pas en mettre.
• On peut décider d’utiliser très peu de levain (il est possible d’ensemencer 500 gr de farine avec seulement ½ Cac de levain (méthode inversée), moyennement ou beaucoup de levain. Plus on en met, plus vite le pain va lever (la dose doit toujours rester inferieure à 30%/poids de farine)
• On peut hydrater peu ou beaucoup la pétrissée (de 60 à 90%).
• On peut réaliser une autolyse courte, moyenne ou longue ou pas du tout.
• On peut pétrir sa pâte ou ne pas la pétrir du tout et faire juste un simple mélange
• On peut laisser pointer le pâton 1h, ou davantage.
• On peut décider de faire un ou plusieurs rabats à une heure ou plus d’intervalle. (Les rabats redonnent de la force au pâton).
• On peut laisser fermenter jusqu’à doublement (en général entre 4 et 7 h en fonction de tous ces éléments et surtout de la température ambiante ou on peut décider de laisser fermenter davantage ou jusqu’à 48h.
• Le temps qu’il fait, l’humidité et la température ambiantes feront chaque fois un pain sensiblement différent même s’il semble identique.
• On peut façonner et donner une forme différente
• On peut décider de cuire avec ou sans pierre dans le four
• On peut cuire dans un four vapeur ou un four traditionnel ou un four infra rouge, avec vapeur...
• On peut faire son pain « en amour avec lui » et en pensant au bonheur de profiter de sa texture, son goût, ses bienfaits ou on peut le faire comme on fait ses courses au rayon PQ. L’aspect énergétique est très important pour le résultat ; le pain vous redonnera cette énergie et cet amour que vous lui avez insufflé.
En formation on nous a dit « Un pain au levain naturel, c’est le temps et l’humidité » avant tout qui vont le structurer mais vous voyez bien que ce ne sont pas les seuls éléments qui entrent en jeu !
C’est pourquoi il n’existe pas UNE recette pour faire son pain au levain naturel mais seulement une trame et un ingrédient essentiel, LE LEVAIN auquel j’ajoute une dose d’amour.
Il convient bien évidemment de choisir une farine de qualité, un eau si possible non javélisée et de remettre cent fois son cœur à l’ouvrage pour comprendre et finir par le faire les yeux fermés en quelques étapes et très peu de temps au final, et à la fin, que du bonheur !
C/ Ma façon de faire (cf. aussi ce lien qui décrit avec photos un pain parmi d'autres...)
Il y a peu d’étapes et vous les maitriserez après quelques pains qui, même s’ils ne sont pas à la hauteur au début, sauront vous remplir de bonheur car c’est vous qui les aurez faits.
Je vous communique MA, MES façons de faire qui peuvent changer d’une fois à l’autre (cf. les points ci-dessous).
Quelques bases concernant les ingrédients demeurent les mêmes et encore !
• Je rafraichis mon levain la veille au soir pour un pain que j’autolyse le lendemain, voire la veille au soir. Il m’est arrivé de le perdre, par négligence (conservé à 10° il convient de le réutiliser avant 10 jours) mais j’en ai refait un dans les 5 jours qui ont suivi.
Je rafraichi ce levain gardé au frigo (bac) (entre 30 et 40 gr), avec une dilution dans 45 gr d'eau puis je mélange avec 55 gr de farine (dont 15 gr de seigle ce qui va booster mon levain). J’utilise le lendemain 80 à 100 gr pour le pain de façon à garder 30/40 gr pour le pain suivant (couvert au frigo 10° ou bac) .
•J’utilise pour le moment le plus souvent une farine de blé locale T80 que j’achète par paquet de 5 kg en magasin bio (environ 2.50€).
•Quelquefois j’y mélange du seigle T130, ou du sarrasin ou j’utilise de l’épeautre. Bien entendu , ces pains ne lèveront pas de la même manière.
• Je fais une autolyse le matin de faire le pain ou je peux aussi la faire depuis la veille au soir. De 30 mn à quelques heures. Il s’agit de mélanger la farine avec l’eau prévue, juste pour tout humidifier, à l’aide d’une cuillère ou spatule solide. Elle va faciliter le travail du levain.
•Pour le sel, c’est du sel de Guérande ou de Camargue (gris) qui sale moins et surtout ne contient pas d’additifs. J’utilise 2.5/2.6 gr de sel gris par 100 gr de farine utilisée hors levain. ((1.73 gr de sel blanc)
• L’eau de mon robinet est adoucie et purifiée. L’eau des volcans d’Auvergne fera merveille ou bien encore une eau reposée (javel) et/ou énergétisée (vortex) ou un jus de légumes pourquoi pas. J’hydrate en général à 72%/ farine utilisée (ça dépend de la farine et de l’hygrométrie ambiante).
• Si j’ajoute des ingrédients : graines de lin (à faire tremper couvert d’eau la veille) , tournesol, chia, chènevis, sésame, courge, ou mélange, olives, tomate séchée, oignons déshydratés, chocolat, noix, amandes…..
• Je ne lave jamais la cuve du robot ni le grand bol (saladier) où fermente mon pâton ni la spatule qui me sert à le manipuler. En cas de perte du levain on peut toujours en refaire un, en raclant ce qui reste accroché dans le saladier (une amie boulangère l’a fait après son retour de vacances et, son levain était perdu, elle a pu redémarrer sa fournée après trois jours. D’ailleurs je conseille toujours de laisser sécher un peu de levain étalé finement sur du papier cuisson afin d’en garder une petite réserve au cas où et pouvoir refaire son levain en un temps réduit.
• Etant seule, je fais un petit pain (300 gr de farine pour un rendu de près de 550/ 600 gr), j’en mange le jour de la cuisson et j’en garde un peu pour le lendemain ; je mets le reste tranché au congélateur (je mets les tranches sur une assiette et après deux heures, je les décolle et je le range dans un sachet de papier. Pour les utiliser, soit je les sors avant soit, envie subite, je les réchauffe à la casserole (cf. mon article).
• Avant de façonner le pain, je prélève une demie à une cac de pâte fermentée et je l’ajoute au levain gardé du matin ou de la veille.
• Pour la cuisson, j’utilise soit mon four omnicuiseur (petite cocotte) pour un petit pain (300/400 gr de farine), soit mon four traditionnel.
Là aussi, soit je mets la pierre (faire chauffer dès le préchauffage du four), soit j’utilise la cocotte (ou une tajine). La cuisson à l’omnicuiseur, grâce à l’addition d’eau au fond de la cocotte, laisse mon pain à la fois souple et croustillant et ce, jusqu’au lendemain.
• Température à 275° et je diminue à 240° après 10 mn et un coup de spray d’eau., ceci pour un ou deux pains faits avec 500 gr de farine.
• La température ambiante en hiver chez moi est de 17°. Donc, impossible de cuire le pain dans la même journée. Je le mets alors au frigo pour la nuit. En été, le pain arrive à lever en 4h30/5h selon la température. Si je veux une longue fermentation, je fais des rabats avant que la pâte faiblisse (avant les 4h) et je mets au frigo jusqu’au lendemain.
• Les rabats : après une heure, ou deux heures ou trois heures ou chaque heure… ou juste avant de mettre au frigo. Les rabats redonnent de la force au pâton. On rabat la pâte sur elle-même sur les 4 côtés. Je le fais à l’aide d’une grande spatule en prenant la pâte par-dessous, en tirant vers le haut et en rabattant par dessus le reste.
• Mon objectif est de rester dans le pratico pratique et de vous transmettre les résultats de mes tentatives, de mes réussites et parfois de mes échecs.
A présent, je fais à présent mon pain les yeux fermés, en un temps record et avec une facilité incroyable qui se résument en 6 étapes de 2 à 5 mn.
Au moment de l'inversion
D/ Mon pain d’aujourd’hui, pain Paillasse complet au chènevis cuit cette fois ci dans l'omnicuiseur
300 gr de farine T80
216 gr d’eau
80 gr de levain rafraichi
7.8 gr de sel gris
40 gr de graines de chènevis
Rafraichi du levain, hier soir vers 19 h (on est en hiver, il supportera les 17 ° de la maison) par dilution dans 45 gr d’eau puis mélange battu avec 55 gr de farine (15 gr de seigle et 40 gr de blé)
Autolyse : j’ai mélangé la farine et l’eau vers 9h
Pointage : mélanger avec 80 gr de levain (je garde environ 30 gr pour un futur pain(couvert au frigo 10° ou bac). Bien intégrer le levain puis ajouter le sel et le chènevis. Bien intégrer l’ensemble. Faire des rabats sur les 4 côtés et laisser pointer (j’ai 17° dans la maison). Pointage de 7 h.
Fermentation en froid positif : rebats et mise en fermentation dans mon frigo qui est en 10°, jusqu’à demain matin 9h soit 15 h. 22 h au total avec le pointage.
Tempérage : Sortir le pâton et le laisse un peu revenir à T° ambiante (TA)
Façonnage sur plan fariné. Chauffer l’omnicuiseur 10 mn pour qu’il soit déjà chaud quand je mettrai mon pain dans le panier (avec 60 ml d’eau dans la cocotte, papier sur le panier).
Transférer le pâton sur le plan fariné. Faire un rabat de haut en bas sur le tiers et soudure, sans dégazer. Pareil du bas vers le haut et soudure. Et encore une fois du haut vers le bas, soudure. Un peu comme on tord une serpillère, tordre le pâton entre les mains farinées, sans trop presser ni dégazer, en veillant à ce qu’il ne soit pas plus grand que la longueur du panier ! Le poser dans le panier de la cocotte et mettre le couvercle.
Cuisson : MAXI haut et bas pendant 20 mn. Inversion. MINI haut et bas 20 mn. Attendre 10 mn. Sortir le pain sur une grille. Attendre le complet refroidissement pour en manger, le pain continue toujours de cuire après la sortie du four.
J'espère que cette page vous aura davantage éclairés et incités à vous lancer.
Ne manquez pas de commenter et poser vos questions
même celles qui vous semblent les plus bêtes; je suis passée par là et
il m'arrive encore de ne pas être complètement satisfaite mais
quel bonheur de manger son propre pain dont on connait exactement
les ingrédients utilisés.
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CARDAMOME