Alors que j'étais en admiration devant le magnifique plaqueminier du parc de la mairie du 14ème, je discutais avec un couple, sur des curiosités et sujets d'environnement. C'est eux qui m'ont appris ce qui suit (des abeilles sur les toits de Marseille) et pour lequel je suis allée chercher cet article de presse que je vous livre (références en bas).
"Olivier Darné est un type un peu givré, qui pose ses abeilles dans les villes, puis attend qu’elles lui posent des questions. « Quel type de butin elles proposent ? Un butin de questions. Le vrai miel, ce sont les questions. »
Merlan, quartier du Nord de Marseille. 8 500 habitants et 300 000 abeilles « Le miel urbain n’a pas de nom, à part un nom punk : miel béton. »
Les abeilles urbaines butinent sur 3 000 hectares autour de leur « centre d’essaimage », sept ruches installées sur le toit du théâtre du Merlan.
Petits êtres sensibles, au point qu’elles disparaissent de la planète, que viennent-elles foutre en ville ?
Bizarrement, elles s’y sentent mieux et produisent quatre à cinq fois plus de miel qu’à la campagne, où les pesticides les tuent.
En ville, elles trouvent plus à butiner, et s’accommodent de la pollution comme du bruit. « Affolées ? Au contraire : le bruit les calme, elles deviennent plus douces », assure Gérard Aumelas, apiculteur associé à l’affaire.
Entre la nature sauvage (garrigue), la nature plantée (par les services municipaux, merci à eux), les jardins privés, les pots sur votre terrasse, plus les « délaissés urbains » qui retrouvent leur condition de terre sauvage, elles ont de quoi produire « un miel de la diversité ». On compte deux grands véhicules des graines : le vent et l’homme.
Si bien que dans le 9-3, où il a installé ses ruches depuis 2000, sur la mairie de Saint-Denis, son miel compte parfois 250 pollens de fleurs.
« Alors qu’en Beauce, quand il y en a 15, ils sont contents. »
Venu des arts appliqués, Darné est un poète qui a « dérapé dans le miel ».
« Les abeilles ont 80 millions d’années. Elles ont une certaine objectivité. Elles voient tout un nombre de choses qu’on ne voit pas en tant qu’êtres humains. »
A Marseille depuis quelques semaines, il cherche de quoi la ville fait son miel.
Ses petites bêtes vont dessiner une cartographie de l’endroit.
Chaque quartier a son goût, qui change avec le temps.
Mais Darné, 36 ans, n’est pas là que pour le miel, « sinon ça s’appellerait de l’apiculture».
Ça turbine pas mal dans son cerveau. Il débarque tout juste d’Utrecht, aux Pays-Bas, où il a posé des ruches aux quatre coins de la ville, avant d’organiser une « procession bancaire », pour récolter le butin de miel dans un fourgon de la Brink’s, et finir par un banquet en cinq plats, où l’on mangeait les différents quartiers de la ville.
A Marseille, il travaille avec une classe de 5e du collège Edouard Manet.
Le projet s’appelle« Contre nature, tout contre ».
Ce samedi (juin 2008), il récolte le « butin de cité ». « On a déjà 30 ou 40 kilos. »
Il voudrait essaimer ailleurs dans Marseille, mettre des ruches sur le toit du Corbusier, à Notre-Dame-de-la-Garde, sur les trottoirs.
« La ruche, c’est un espace politique. Comme la ville. »
Il est là pour deux ans, le temps travaille pour lui. « Time is honey », voilà son slogan."
Extraits de l'article de Michel Henry, 6 juin 2008 dans Libémarseille